Transcript Chap. 4
LA CHIMIE PHYSIQUE Chapitre 4 L’état liquide 1ère partie : les propriétés physiques Passer à la Guy COLLIN, 2014-12-28 première page Préambule On a vu l’état solide : les molécules ou atomes constitutifs sont figés dans l’espace soit dans un système périodique (le cristal) soit de manière aléatoire (l’état amorphe). On a vu également l’état gazeux caractérisé par une entière liberté des particules constitutives (mouvement Brownien). Entre ces deux états, comment caractériser l’état liquide ? h n Quelles sont les lois qui gouvernent l’état liquide ? v=0 2014-12-29 Les propriétés mesurables Elles sont nombreuses : Les propriétés physiques : densité, viscosité, point d’ébullition, de congélation, . . . Les propriétés optiques : l’indice de réfraction, la polarimétrie, l’absorptiométrie, . .. Les propriétés électriques et diélectriques : moments dipolaires, constante diélectrique, . . . hn Les propriétés thermiques : diverses chaleurs latentes et capacités calorifiques, . . . v=0 2014-12-29 La densité C’est un nombre sans dimension égale au rapport d'une masse d'une substance à celle de l'eau pure occupant un même volume à 3,98 °C. La densité relative : T d T21 hn • C’est le rapport entre une masse volumique d’une substance et celle de l’eau dans des conditions spécifiées mais quelconques de températures. v=0 2014-12-29 La densité : effet de température L’augmentation de l’énergie disponible avec la température augmente l’importance du mouvement brownien. Le liquide possède un coefficient de dilatation thermique. Ce coefficient a exprime l’augmentation D V d’un volume V pour une élévation de 1 °. a= DV 1 V ·T hIl n s’exprime comme l’inverse d’une température (°C-1 ou K-1). v=0 DV = a V DT 2014-12-29 La densité de l’eau pure : effet de la température 1 000,00 Densité 999,50 hn 999,00 998,50 998,00 0 4 8 12 16 20 Température : °C v=0 2014-12-29 La masse volumique C'est, pour une substance homogène, le rapport entre sa masse et le volume qu'elle occupe. Elle s’exprime en kg/m3 (SI). La masse volumique de l’eau pure à 4 °C est de 999,973 kg/m3. hn v=0 2014-12-29 La tension de surface Les molécules en surface n’ont pas le même environnement que les molécules internes au liquide. Dénivellation dans un tube capillaire : d2 r P2 hn P'1 P1 h d1 v=0 2014-12-29 La tension de surface Dénivellation dans un tube capillaire : d2 r P2 P'1 hn v=0 P1 h d1 S’il y a dénivellation, c’est que P'1 = P1 ± (d1 - d2) h g Dans le cas de l’eau, on observe une montée capillaire : P'1 = P1 + (d1 - d2) h g Dans le cas du mercure, on observe une descente capillaire : P'1 = P1 - (d1 - d2) h g 2014-12-29 La loi de JURIN La force ascensionnelle est donnée par : fasc = 2 p r s cos s est la tension de surface est l’angle que fait le liquide La force descendante est donnée par : avec la surface du capillaire h la hauteur de la dénivellation d la densité du liquide fdesc = p r2 h g (d1 - d2) g l’accélération de la pesanteur r est le rayon du capillaire A l’équilibre : hn v=0 fasc = fdesc Pour l’eau, = 0, rhdg s = 2 cos 1 s = 2rhdg 2r 2014-12-29 La méthode de la goutte pendante Il existe une relation entre le diamètre à l’équateur et la tension de surface s. La goutte croît jusqu’à ce que les forces de pesanteur l’emportent sur la tension superficielle de la bulle de liquide. Au moment où la goutte tombe, les deux forces sont égales. hn Tube capillaire v=0 2014-12-29 Le stalagmomètre La méthode est dérivée de celle de la goutte pendante. On mesure non pas le diamètre de la goutte mais plutôt le nombre de gouttes formées à partir d’un volume connu de liquide. Méthode surtout utilisée par les pharmaciens. hn v=0 2014-12-29 D’autres méthodes de mesure hn Méthode de traction sur une lame verticale : la méthode consiste à peser une lame avant et après immersion partielle dans le liquide. P21 Méthode d’arrachement : la méthode consiste à mesurer la pesée nécessaire à l’arrachement d’un anneau immergé dans le liquide. P3 v=0 2014-12-29 Le tensiomètre de DE NOUY hn v=0 2014-12-29 Tension de surface et température Il existe plusieurs relations plus ou moins empiriques entre s et T : s = s0 ( 1 – TR)11/9 hn v=0 TR = T / TC et s0 est une valeur caractéristique du liquide. Molécules s(293 K) s0 M s(293 K) s0 isopentane 132,2 478 CCl4 266,6 676 n-hexane C2H5SH 184,3 525 CS2 323,3 813 218,2 661 288,6 708 C2H5Br 241,6 692 benzène H2 O 727,5 1 480 s et s0 en N m-1 103 2014-12-29 Tension de surface et température Formule de RAMSAY - SHIELDS : M 2/3 s = k (TC – T – 6) est la densité du liquide; M est sa masse molaire. Le membre de gauche est appelé l’énergie molaire de surface : s = 0 à T = TC - 6 hn v=0 Formule de KATAYAMA : M 2/3 s - v = k' (TC – T ) s = 0 à T = TC et v sont les densités de la phase liquide; et de la phase vapeur à la température considérée. 2014-12-29 Tension de surface* de liquides liquide hn Température (C) 0 20 40 60 80 100 62,61 58,85 eau 75,64 72,75 69,56 66,18 éthanol 24,05 22,27 20,60 19,01 CCl4 - 26,8 24,3 21,9 acétone 26,2 23,7 21,3 18,9 16,2 benzène 31,6 28,9 26,3 23,7 21,4 toluène 30,74 28,43 26,13 23,81 21,53 17,26 19,39 * : En dyne/cm; 105 dyne/cm = 1 N / m. v=0 2014-12-29 Tension inter faciale entre 2 liquides hn v=0 Quand on mélange deux liquides, il se développe une tension inter faciale entre les deux liquides. La valeur de cette tension inter faciale, sA,B, est généralement comprise entre les valeurs de chacun des 2 liquides sA et sB : ce n’est pas toujours le cas. B B A,B B A A,B benzène 28,88 35,0 mercure 470 375 CCl4 26,8 45,0 n-octanol 27,5 8,5 octane 21,8 50,8 hexane 18,4 51,1 éther diéthylique 17,0 10,7 Liquide A : eau, A = 72,75 dyne/cm. 2014-12-29 Zone inter faciale wsép = wcohésion = 2 s 1 cm2 hn v=0 Le travail de séparation des deux pistons est tel que : Dans le cas de deux liquides : wsép = s + s - s = wa Liquide A Liquide B wa est le travail d’adhésion. 2014-12-29 Coefficient d’étalement B Soit CÉt le coefficient d’étalement : CÉt = w - 2 s A CÉt = s + s - s - 2 s hn CÉt = s - s - s v=0 Si CÉt > 0, B va s’étendre sur A; exemple : eau/Hg : CÉt > 0 Si CÉt < 0, B ne s’étend pas sur A; exemple : eau/CCl4 : CÉt < 0 2014-12-29 Coefficient d’étalement B A hn Soit le mélange A (eau) B (acide stéarique). B est insoluble dans A. La molécule a une partie très hydrophile (le groupe acide) et une partie très hydrophobe (la partie de la chaîne hydrocarbonée). C=O OH La molécule se « plante » debout sur le liquide et forme un film monomoléculaire. v=0 2014-12-29 Tension de surface de solutions L’ajout d’un soluté peut : hn augmenter lentement la tension de surface électrolytes forts, sucrose, acide aminobenzoïque dans l’eau. diminuer lentement la tension de surface électrolytes faibles dans l’eau. diminuer très rapidement la tension de surface agents tensioactifs : savons dans l’eau. 72 dyne/cm Concentration, c Tension de surface de solutions aqueuses Une concentration de 0,0035 mole/litre d’oléate de sodium diminue de 60 % la tension de surface de l’eau. v=0 2014-12-29 La viscosité Hypothèses de NEWTON : v + dv v On observe, dans la direction perpendiculaire à la direction de l’écoulement, un gradient de vitesse, dv/ds. hn Forces de friction interne (au sein du liquide). Forces de friction externes (sur les parois). La force de glissement d’un plan liquide sur un autre - ou la force de cisaillement - - est donnée par : dv = Q ds v=0 2014-12-29 La viscosité dv = Q ds v + dv v Q est la surface de cisaillement; est la viscosité dynamique du milieu. hn Loi de NEWTON k P = v ou k v = P k est un facteur de proportionnalité; v est la vitesse d’écoulement du liquide; P est la pression appliquée sur le liquide. v=0 2014-12-29 Liquides newtoniens et non newtoniens v faible viscosité v forte viscosité hn v=0 p Liquides newtoniens : cas des molécules sphériques. p Liquides newtoniens : cas des molécules non sphériques. 2014-12-29 Viscosité (centipoises) Effet de la température sur la viscosité hn v=0 40 30 Source : Handbook of Chem. 1-butanol éthanol 20 CCl4 10 10 0 -100 0 Une équation : 100 °C Température A Ln = T + B 2014-12-29 Cas du soufre liquide Transformation : 4 S2 S8 30 10 100 50 10 1 1000 centipoises Viscosité (centipoises) 500 hn 140 v=0 160 180 200 220 Température (°C) 2014-12-29 La viscosité dynamique Le Pascal seconde (en SI ) : C’est la viscosité d’un liquide sur lequel il faut appliquer une force de 1 N · m-2 pour obtenir une différence de vitesse d’écoulement de 1 m · s-1 entre deux surfaces distantes de 1m. hn Le Pascal · seconde est aussi appelé le Poiseuille. 1 Pascal · seconde 1 décapoise (système CGS). [Pascal · seconde] [M] [L]-1 [T]-2 [T] = [M] [L]-1 [T]-1 v=0 2014-12-29 La viscosité cinématique C’est la viscosité d’un liquide dont la viscosité dynamique est de 1 Pascal ·seconde et la masse volumique est de 1 kg m-3 hn v=0 Dans le système M.K.S.A., prédécesseur du SI , son unité s’exprimait en myriastokes. Dans le système CGS son unité était le Stokes. 1 myriastokes 104 Stokes. 1 Pascal · seconde 1 myriastokes = 1 kg m-3 [M] [L]-1 [T]-1 2 [T]-1 [myriastokes] = [L] [M] [L]-3 2014-12-29 Détermination de la viscosité Application de la loi de POISEUILLE relative à l’écoulement laminaire d’un liquide dans un tube. Condition : le nombre de REYNOLDS, R, est inférieur à 2 000. vd R = hn v la vitesse d’écoulement (cm/s) densité du liquide (g/cm3) d diamètre du capillaire (cm) viscosité dynamique du liquide On utilise divers appareils dont : - le viscosimètre d’OSTWALD; - le viscosimètre d’UBBELHODE. v=0 2014-12-29 Des viscosimètres Le viscosimètre d’OSTWALD. On mesure le temps de passage du liquide qui s’écoule par gravité entre les deux repaires x et y. x y Le viscosimètre d’UBBELHODE. On mesure le temps de chute d’une bille dans le liquide. hn v=0 2014-12-29 La loi de POISEUILLE p r4 DP t = = kd t 8v On compare la viscosité relative de deux composés : 1 = k d 1 t1 et 2 = k d 2 t2 d1 t1 r = d t 2 2 On peut utiliser l’eau comme référence. h n La viscosité absolue de l’eau à 20 °C est de 1 centipoise. v=0 Rappel : 1 centipoise = 0,01 poise = 0,001 décapoise. 2014-12-29 Viscosité* de liquides hn v=0 liquide 0 C 20 C 40 C 60 C 80 C benzène CCl4 0,912 0,652 0,503 0,392 0,329 1,329 0,969 0,739 0,585 0,468 éthanol 1,773 1,200 0,834 0,592 - éther 0,284 0,233 0,197 0,140 0,118 Hg 1,685 1,554 1,450 1,367 1,298 eau 1,792 1,002 0,656 0,469 0,357 * : centipoises Tiré de « Principles of Phys. Chem. », Maron & Prutton, 4e éd., 1967. 2014-12-29 Viscosité des solutions r On définit la viscosité relative : = / 0 r est la viscosité de la solution; 0 est la viscosité du solvant pur. La viscosité spécifique S est : On définit la viscosité intrinsèque* : hn v=0 ou encore : [] = - 0 S = = r - 1 0 [] = S limC0 C ln r limC0 C * IUPAC recommande : [] est le « nombre de viscosité limite ». 2014-12-29 Viscosité d’une solution Chlorure de polyvinyle dans la cyclohexanone à 25 °C. S S 1,6 C C 1,4 Ln r/C [] 1,2 hn 1,0 0 2 4 6 C (g/litre) v=0 2014-12-29 Des viscosimètres hn Viscosimètre à bille tombante Viscosimètre tournant v=0 2014-12-29 La viscosité de l’air hn Viscosité (102 centipoises) Source : Handbook of Chem. 5 4 3 2 T 1 5 v=0 15 25 T1/2 (K1/2 ) 35 2014-12-29 Relations Teb et structure Règle de PICTET - TROUTON : DJv = aT DJv est l’enthalpie de vaporisation a est une constante : a = 20 pour les hydrocarbures; a = 26 pour les hydroxyles. hn v=0 Formule de NEKRASSOW (hydrocarbures) : M- Teb (K) = 29 M est la masse molaire et est la somme d’incréments (table ci-après). 2014-12-29 Incréments de la loi de NEKRASSOW Groupes d’atomes hn incrément Groupes d’atomes incrément saturé insaturé C +2 cycle à 3 atomes + 0,75 - H =CH2 +1 cycle à 4 atomes + 0,25 +1 + 0,25 cycle à 5 atomes 0,0 + 0,5 -CH3 + 0,25 cycle à 6 atomes 0,0 0,0 =C-C= - 0,50 noyau benzène - + 0,5 =C= - 0,75 -CH=CH- - 0,75 v=0 2014-12-29 Relation pression - température La température d’ébullition est fonction de la pression. L’équation de CLAPEYRON précise cette relation : L¯¯ dP 1,2 dT = T (¯¯ Vg - V ¯¯) Pour l’ébullition, Vg >> V PV ¯ = RT Comme hn v=0 L¯¯ 1,2 dP P = R T2 dT L¯¯ dP 1,2 dT = T (¯¯ Vg ) dP = dT ou encore L¯¯ 1,2 R T T P L¯¯ 1,2 d Ln P = dT R T2 2014-12-29 Relation pression - température d Ln P = L¯¯ 1,2 dT 2 RT En intégrant, on obtient : L¯¯ 1,2 Ln P = R T + Cte hn v=0 Cette formule n’est valide que si la chaleur de changement de phase est constante sur le domaine de température considéré. Dans le cas contraire, on obtient plutôt : A Ln P = - T + B Ln T + Cte C’est la formule de KIRCHOFF – RANKINE. 2014-12-29 Le point de congélation ou de fusion La loi de CLAPEYRON est encore valide : L¯¯ dP 1,2 = dT T (¯¯ V - V ¯¯s) hn Dans la transformation, V Vs, Le dénominateur tendant vers 0, le rapport dP/dT devient très grand. La courbe de fusion P = f(T) est pratiquement verticale. Fusion P Liquide Solide Gaz T v=0 2014-12-29 Le point de congélation ou de fusion Vs > V ¯¯ ¯¯ Si La pente est négative (cas de l’eau et du Bi). Vs ¯¯ Si fusion P liquide solide gaz < V ¯¯ T La pente est positive (cas général). La pression a peu d’effet sur la température de fusion. hn v=0 Dans le cas de la vaporisation, V ¯¯g > V ¯¯ La courbe est toujours positive. 2014-12-29 Refroidissement de la vapeur d’eau Température (°C) Vapeur 100 Liquéfaction Liquide hn Solidification 0 Temps Glace v=0 2014-12-29 La sublimation L’équation de CLAPEYRON est toujours valide : L¯¯ dP 1,2 = dT T (¯¯ Vg - V ¯¯s) Pour la sublimation, Vg >> Vs Comme hn v=0 PV ¯ = RT ou encore L¯¯ dP subl = dT T (¯¯ Vg ) L ¯¯ subl dP P = R T 2 dT L¯¯ subl d Ln P dT = R T2 P Solide Gaz T 2014-12-29 Le point triple dP dTsubl L¯¯ subl = T (¯¯ Vg - V ¯¯s) Or, V Vs < Vg Or car hn v=0 dP dTvap dP dTsubl L¯¯ subl = TV ¯¯g L¯¯ vap = T (¯¯ Vg - V ¯¯) dP dTvap L¯¯ vap = TV ¯¯g Lsubl > Lvap gaz Lsubl = Lfus + Lvap dP dTsubl > dP dTvap L vap L subl liquide Lfus solide a' > a 2014-12-29 Le point triple Fusion P liquide solide a' I a Vaporisation gaz hn Sublimation T v=0 2014-12-29 L’état liquide hn Si l’on compare les chaleurs latentes de fusion et de vaporisation, on remarque que le processus de vaporisation requiert beaucoup plus d’énergie que celui de fusion. On peut déduire que l’état solide est beaucoup pus proche de l’état solide que de l’état gazeux. La comparaison des densités des 3 phases est une autre manifestation de cette proximité. v=0 2014-12-29 Les chaleurs de fusion et de vaporisation Chaleurs latentes (kJ/mol) M hn L¯¯ fus / L¯¯ vap L¯¯ fus L¯¯ vap Al 10,7 282,6 0,038 Ag 11,3 290,1 0,039 NaF 32,6 890 0,037 KBr H2 16,1 665 0,018 0,117 0,92 0,13 O2 0,40 8,69 0,05 CO2 8,32 26,9 0,31 v=0 2014-12-29 Conclusion hn La tension de surface, la viscosité,… sont des manifestations extérieures des interactions entre molécules constitutives de la phase liquide. Les valeurs de ces deux propriétés généralement diminuent avec l’augmentation de la température. La température de solidification d’un liquide est peu affectée par l’augmentation de la pression. Les propriétés de la phase liquide sont fortement affectées par l’élévation de la température : elles rejoignent celles de la phase gazeuse au point critique. v=0 2014-12-29